Colonne


(de la base au sommet)

2011

La forêt que Tamim Sabri élève au bout du jardin, est composée d’un arbre unique. Il est haut, segmenté, et ses essences sont aussi variées que les textures et les couleurs du bois, dont il scari- e l’écorce jusqu’à en évider le cœur. De pro l, nous pouvons aisément nous glisser dans l’entaille verticale qu’il a créée. Nous immiscer dans la colonne d’air qui relie symboliquement le sol à l’azur. Percevoir les murmures de tout un peuple de feuillus, issu des espaces urbains de la région parisienne. Convaincus qu’il est possible, encore, au sein même de l’agglomération, d’écouter la voix des pierres, des plantes et des animaux, et sachant qu’ils puis- sent de nouveau, nous entendre. Nous n’hésiterons pas, a n qu’ils résonnent et s’ampli ent entre les fûts éventrés de ce grand pilier, à prononcer le nom et l’épithète de chacun des sujets de cette futaie méconnue, dans une langue étrange : Ailanthus altissima, Acer negundo, Platanus acerifolia, Robinia pseudoacacia… Acacia. Les coups portés et la marque des gestes empruntés aux bûcher- ons, ne sont pas sur cet assemblage imparfait, les seuls signes évoquant l’Homme, convié au renouveau de ce dialogue intime. On distingue à mi-hauteur, dans la colonne elle-même, une autre marque : une jauge dont la surface mosaïquée de calcaire noir – ce dendrolithe fait de mains d’homme – suggère, également l’échelle humaine, celle du stylite oriental, du phyllomancien antique, du sculpteur – son auteur – et du lecteur des Chroniques des branches…

Fabrice Vannier, Texte accompagnant l’exposition du “Jardin Ephémère”, Saint-Ouen, 2011

Colonne (de la base au sommet), 2011

Erable, platane, acacia, ailante, pierre calcaire

470 x 60 cm